dimanche

Promenade.



Stéphane appuie sur un bouton sur le zinc du bar, en disant « Run ». Je pars en courant.

Marcher dans la rue et ne prendre que les chemins perpendiculaires, tourner sur la droite, ou sur la gauche, à chaque carrefour. Se dire que le seul chemin vraiment perpendiculaire sur Terre est de monter vers le ciel. Lever les yeux, marcher comme ça.

Envie d’écrire du code. De n’écrire que par code. Tout discours est codé.

Marcher derrière cette petite femme en robe noire, qui boitille en écartant bizarrement les jambes. Elle s’arrête pour me laisser passer. Visage très blanc, yeux qui suivent l’ombre qui me croise, sans me regarder. Me voilà invisible, comme si j’avais passé le relais à un fantôme. Tous ceux que je croise désormais sont invisibles. Invisible à celui que j’étais avant ce point de passage, je suis désormais un fantôme.

En marchant, je décide à un moment donné que la côte est une pente. La rue se met à pencher vers le bas. Et effectivement, c’est plus facile de descendre que de monter.

Les néons roses, les feux passant du rouge au vert, les passants comme des obstacles : le trottoir devient comme la piste d’un jeu vidéo. Video, en latin : « Je vois ».

Oublier la topographie, le plan de la ville. Ne plus reconnaître la rue mille fois empruntée. Se retrouver soudainement en Chine.

Voir son ombre s’allonger sur le trottoir. Penser : « Plus tu t’éloignes, plus ton ombre s’agrandit. ». Entendre quelqu’un dire au passage : « Cela fait vingt-mille kilomètres. ». Marcher dans la nuit.

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