vendredi

Mâche chant d'elle


















« Tu me raconteras ou tu as appris la langue des oiseaux ? », m’écrit-elle (Barbar Ella, sur mon mur). Elle la parle déjà, elle qui enlève son accent au « Où » de la chouette, ou du hibou (ou devrais-je écrire choùette, ou hiboù ?). Ou où, lui réponds-je, éponge, ça se passe de bouche à oreilles (et je passe l’éponge). Dois-je la lui raconter, ou ai-je appris la langue des oiseaux ? Telles sont les deux questions. A la première, je ne réponds pas que oui, ça se (la) raconte, à la deuxième, je ne réponds pas non plus vraiment (vrai ment, je n’ai pas appris la langue des oiseaux), sinon que je sais que ça (l’inconscient aussi) passe de bouche à oreilles, les paroles s’envolent, les écrits restent. Ou est-ce le contraire ? Les paroles restent (éternelles), les écrits s’envolent (poussières). En tous cas, c’est du son pas de l’écrit (pas des cris), ça flotte (comme de la flotte) dans l’air, ça coule, d’ici à là, de haut en bas, et vice-versa (verseau). C’est sensuel, c’est le sens de la bouche, le goût : on mâche (mâche chant d’elle, ma chandelle) ses mots, on mastique (mastic, explosif), on arrache avec les incisives (incisif), on incise (dit secte), coupe, coud (Frankenstein le dandy), copie colle aux dents les mots, mâchouille (aille la carie), mais sans avaler, tout ça pour les recracher autres, bouillie pour oisillon, liquide. Les mots de la langue des oiseaux sont eau. La parole, ma parole.

Il y a donc deux questions, inclusives ou exclusives : « Tu me raconteras ? » ou « Tu as appris la langue des oiseaux ? ». A la première, je ne peux répondre, car je ne la connais pas assez (Barbar Ella), pour la lui raconter. Je choisis donc de répondre à la deuxième, formulée définitivement à l’infinitif avec un embarrassant point d’interrogation. Cet infinitif y répond déjà. J’ai appris la langue des oiseaux. Le point pose la question, doute ? Je ne l’ai pas apprise (personne ne me l’a dite), ou n’aurai jamais fini de l’apprendre (à prendre), mais je l’entends parfois (en auto, en autodidacte). Parfois, en cessant d’écouter, j’entends les vagues de la parole. La parole est eau, source, rivière, fleuve, océan, et je l’entends parfois dans les souterrains couler. Par foi. Je n’en capte pas le sens, la signification, mais le sens, la direction. C’est du flux, ce sont des ondes.

Je m’arrête là. Il faudra prendre rendez-vous.

Quand à bientôt (que j’avais oublié), c’est bien tôt.


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