mardi

La bataille de Solférino est déclarée


 Finalement, je pense que La bataille de Solférino prolonge et développe La guerre est déclarée de Valérie Donzelli, où le couple qu’elle formait avec Jérémie Elkaïm était mis à l’épreuve de la maladie de leur fils. Le film de Justine Triet est ainsi la première bataille mise à l’écran de cette « guerre », qui oppose désormais les deux membres du couple séparé (à moins que cette première bataille ait été L’inconnu du lac de Guiraudie, autre grand film sur la solitude).

Avec Tip Top, cette rentrée du cinéma français propose donc deux films violents : alors que la police « mate » et « tape » dans le film de Serge Bozon, les anciens amoureux de La bataille de Solférino s’affrontent pour la garde de leurs enfants, sur l’arrière plan d’une France coupée en deux, gauche-droite (direct du gauche, uppercut du droit). L’universel et le singulier ont une trajectoire commune, et le film est presque eschatologique en ce sens.

Pendant la projection hier soir au MK2, un père de famille (un « homen » ? un acteur ?) a posé une question un peu bafouillante, qui demandait, en substance, si La bataille de Solférino n’était pas un film sur la mort de « l’homme », au sens de représentant du patriarcat, de l’autorité dans la famille, surmoi, virilité. Il glissa pour finir : « et la victoire de la gauche aux élections, finalement, ce serait la défaite de l’homme ». L’équipe a répondu que si l’homme  interprété par Vincent McCaigne subissait bien là de multiples « castrations », la femme (Laetita Dosch) n’était pas plus heureuse dans son rôle de femme émancipée, indépendante, travailleuse, mais portant seule la responsabilité de l’éducation des deux enfants (véritables victimes de cette guerre, qui ne font que pleurer pendant tout le film). Cela, sans répondre à la question de savoir si une politique de gauche était plus « féminine » qu’une politique de droite, et si finalement, la grande guerre qui commence à être livrée, n’était pas celle des hommes contre les femmes. Question absurde, et guerre absurde (s’il y a des guerres qui ne le sont pas), quand celle que l’on vit vraiment à l’écran opposait tous contre tous, une fois les banderoles rangées et les vivats (un peu forcés) tus. La place de la Bastille devenait le lieu d’affrontements bien réels entre forces de l’ordre et ces « jeunes » que la société a rejeté.

L'enfer c'est peut-être les autres, tous les autres. Je ne sais pas.

Un jour, dans un bar, alors que je passais des disques et souriait à un garçon (sans attentes, juste pour partager le plaisir d’être là), celui-ci s’est approché de moi et m’a dit : « Il parait qu’il y a une guerre entre ceux qui vont bien et ceux qui ne vont pas bien. ». Je n’ai pas su quoi lui répondre, j’ai juste bégayé « Ah bon ? » et il est vite parti, et je ne l’ai jamais revu.



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