lundi

Floraison

En quatre albums, le duo de charme Alex Scally et Victoria Legrand s’est imposé dans le registre dream-pop, entre langueur réverbérée et mélancolie montante. Qui n’a pas rêvé d’une maison sur la plage ?

Dream-pop, hypnagogic-pop, chillwave : les courants musicaux les plus marquants de ces dernières années ont en commun de vouloir nous faire fermer les yeux. L’époque et ses chocs sont ils si violents que l’on doive se consoler dans le réconfort du sommeil et du rêve ? Avec son quatrième album,  Bloom (« floraison », en français), le beau duo formé par Alex Scally et Victoria Legrand (nièce de notre Michel Legrand national) semble pourtant s’épanouir davantage, ouvrir les yeux, laisser pupille et iris recevoir la lumière. En six ans et quatre album, le couple de Baltimore est ainsi passé de la mélancolie lo-fi réverbérée dans le grain du micro à la haute-fidélité du studio, des bords de plage en amoureux aux première parties épiques de Grizzli Bear. Moins loge noire (l’ambiance Twin Peaks des débuts) qu’aube nouvelle, le duo affine et affirme auprès d’un public grandissant son style unique : litanies lancinantes, guitares doucement shoegaze, orgues d’église, boites à rythmes antiques, voix vaporeuse (parfois presque mâle, à la Nico, toujours émotionnelle, à la Hope Sandoval, rappelant maintenant parfois Liz Fraser, des Cocteau Twins).




Avec ses mélodies lentes et pleines, réduisant coûte que coûte la reverb’, Bloom confirme l’ambition de Teenage Dream (produit par Chris Coady – Grizzli Bear, Tv On the Radio), au point limite de la redite, et de fait, ne séduira pas plus de nouveaux fans qu’il ne convaincra les éternels agacés. Pourtant, ces hymnes doux arrivent pertinemment avec le printemps, leurs progressions romantiques évoquent bien l’épanouissement d’une fleur (bleue ?), les guitares filent doucement vers l’étoile (violette ?),  l’ouverture des cymbales rayonne comme un soleil (de métal). Comme le chante Victoria Legrand (sur Irene). « It’s a strange paradise ». Allons à sa rencontre.

Article paru dans Trois Couleurs #101 

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