jeudi

Party Time







" Sur internet, l'imbrication du passé et du présent transforme le temps lui-même en un terrain bourbeux et spongiforme. Youtube est typique du Web 2.0 en cela qu'il promet l'immortalité à chaque vidéo qu'on y met en ligne : son contenu peut théoriquement demeurer pour l'éternité. On peut y papillonner de l'archaïque à l'utra-actuel en un seul clic.  Sur le plan culturel, en résulte une alliance paradoxale de vitesse et de surplace qui se manifeste dans tous les aspects du Web 2.0 : le taux de rotation incroyablement rapide de l'actualité (...) cohabite avec la persistance obstinée des résidus nostalgiques. Au fond du gouffre qui se creuse entre ces deux pôles échouent à la fois le passé récent et ce qu'on appellera le "présent long" : tendances durables, groupes dont la carrière se prolonge au-delà d'un album, sous cultures et mouvements, par opposition aux engouement éphémères. Le passé récent est englouti dans un néant amnésique, tandis que le présent long se voit réduit à l'épaisseur d'un papier à cigarette, écrasé par la seule cadence effrénée des mises à jour de l'actualité et de l'instantané.
(...) En résulte un empiètement progressif des productions du passé sur une fenêtre attentionnelle qui était jusqu'à présent la chasse gardée des nouveautés. Dans un sens, le passé a toujours été en compétition avec le présent, culturellement parlant. Mais la donne a graduellement changé, au grand bénéfice du passé (...)"

Simon Reynolds, Rétromania

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