mercredi

Etrange Miséricorde

Dave Dyment

























Ex-Polyphonic Spree, copine de Sufjan Stevens, Annie Clark affirme son art singulier sur un inquiétant troisième album. Bardée de batteries heavy, enroulant ses cordes synthétiques autour de nos cous, percluse de guitares grotesquement saturées, cette « étrange miséricorde » exhale un parfum sourd et lourd de colère et de vengeance. De Cheerleader (“I, I, I, I don’t want to be a cheerleader no more”) ou Chloe in the afternoon (version SM de L’amour l’après-midi de Rohmer), jusqu’à Surgeon (hommage au corps sexuel sacrifié de Marylin Monroe) ou Cruel (« casually cruel »), on passe de l’hystérie (cuts électroniques) à une psychose (cordes hermanniennes), follement maîtrisée. Ca va faire mal.

Chronique à paraître dans Trois Couleurs #95


“Best finest surgeon, Strasberg waits to cut me open.”, Marilyn Monroe
“I thought that was an incredibly poetic line and a strange sentiment – wanting someone to come in and make that adjustment that will heal you,” says Clark, who adds that the troubled actress “was a highly intelligent woman and doesn’t get enough credit for being very powerful.” Clark pondered the line as she finished Monroe’s Fragments: Poems, Intimate Notes, Letters, and eventually she used it as the chorus for “Surgeon,” a stand-out on Strange Mercy, her third album as St. Vincent.

http://www.americansongwriter.com/2011/09/st-vincent-method-actor/ 







mardi

Baby you can drive my car
























Ryan a des petits retards à l'allumage. Il répond à la question avec un léger différé, après que l'information ait circulé dans ses circuits, qu'elle soit passée de l'oreille au cervelet, puis du cervelet à la bouche, courroie de transmission qui parle ou sourit. Mécaniquement. Il se met en marche. Il fonctionne. Il tourne la tête comme Terminator. C'est un homme-machine plutôt bien huilé, un homme de réactions plutôt que d'actions. Le levier de vitesse n'a pas l'érotisme de Crash, la tenue de route, obsessionnelle, est par contre assez semblable à celle de Vanishing Point : la disparition comme ligne d'arrivée. Fatale réification.


Waiting for the sun

Back in the garden

"Crosby était pour moi le phare culturel le plus important. C'était un personnage fascinant, car il bâtissait consciemment un mythe. Il avait ce légendaire bus Wolkswagen, mais avec un moteur de Porsche, ça le résumait parfaitement : un hippie avec le pouvoir !"
Jackson Browne (in Waiting for the sun, Barney Hoskyns)

Ex-fan des 60's




mardi

Le sentiment océanique 2



















Extrait de la "bio" de E Volo Love, de François & The Atlas Mountains :
"Qui ose nommer des faces de disque vinyle Sea Side et River Side a livré de beaux voyages. Sur son dernier album Plaine inondable paru en 2009 sur Talitres, Fránçois chantait Be Water, un titre délicieusement aqueux nimbé dʼune chorale basque. Il revient aujourdhui tourner dans nos nuits pour, éventuellement, se consumer dans un azur épuré. Franche comme le sourire adressé à la caméra par Jean-Pierre Léaud à la fin des Quatre cent coups, lorsquil voit la mer pour la première fois, sa musique confronte avec légèreté les éléments qui nous entourent."

Antoine Doinel ne sourit pas à la caméra à la fin des 400 Coups. Il n'est pas en train de découvrir la mer avec les jolies colonies de vacances du front populaire. Il se retourne parce qu'il fuyait la justice et qu'il se retrouve coincé, parce que cet infini devant lui est aussi un cul de sac, une voie sans issue. No exit. Il est trop tard pour retourner dans le bain amniotique, trop tôt pour se fondre dans le grand tout. Antoine se retourne alors pour regarder sa vie d'adulte dans les yeux (l'adulte qui le regarde, Truffaut, et le spectateur, nous), ou pour regarder en arrière le gâchis de sa vie d'enfant (un regard rétrospectif sur tout le film qui a précédé), et il ne sourit pas. La Fin n'a jamais semblé si littérale sur un écran.

Après, du champ-contrechamp à la plongée-contre-plongée, il n'y a qu'un pas.



FRÀNÇOIS & THE ATLAS MOUNTAINS "Piscine" par domino

vendredi

Antipodes

The Internet k-hole

Du latin antipodus (« dont les pieds sont situés à l'opposé ») 
The Beatles on the Beach









“I wonder if I shall fall right through the earth! How funny it'll seem to come out among the people that walk with their heads downward! The Antipathies, I think”

Alice in Wonderland, Lewis Carroll

lundi

Veni, Vidi, Vici


 

 

 

Prêt à en découdre

L'art français de la guerre



La guerre est déclarée

Film gênant qui dit vouloir éviter le pathos en soulignant pourtant toutes les émotions par de jolies musiques choisies (du souffle coupé-collé façon Ed Banger dans les couloirs de l’hôpital jusqu’au duo chic et cheap chanté faux – On connaît la chanson -  sur des flous façons Lost In translation). Film scolaire, de l’encart publicitaire pop (saynètes de 3mn30) au flirt avec la nouvelle vague (les fonds bleus et rouges, les vêtements rouge et bleus - Pierrot le Fou/Masculin-Féminin), jusqu’au final où la sainte famille réunie (détruite, mais debout) tourne son regard vers l’océan (et le dos au public), pendant inversé du regard-caméra d’Antoine Doinel seul sur la plage. Un doute : est-ce une version grandiose de L’Internationale que l’on entend sur ces derniers ralentis au bord de l’eau ?  Les bourgeois qui ne quittent pas leur Burberry, un autocollant "Vite la grève", et plein d'autres choses feront dire que oui.  Une musique triomphale pour la défaite de l'amour. Roméo et Juliette étaient-ils les seuls à pouvoir surmonter cette épreuve ? L'épreuve de réalité doit-elle être forcément à la hauteur de notre capacité à y résister ? Nos enfants nous survivront-ils ?

"Il y a une guerre des classes, c'est vrai, mais c'est ma classe, celle des riches, qui mène cette guerre, et c'est nous qui la gagnons." Warren Buffet, New York Times, 26/11/2006




Bande-annonces : The Artist, avec Dujardin qui rejoue muet les années folles (celles juste avant la guerre), La Guerre des Boutons, avec le clone du Petit Gibus (pourtant déjà surexploité à l'époque dans Bébert et l'Omnibus), figure intouchable de la gouaille enfantine, devenu modèle en série. La guerre partout, déjà.